Le rayonnage consiste à monter ou remonter les rayons sur une jante et un moyeu, selon un schéma précis. C’est une opération technique qui demande rigueur, calme et un minimum d’expérience. Mieux vaut s’exercer sur du matériel d’occasion avant de s’attaquer à une roue neuve.
1. Précisions importantes
Cet article concerne les roues à rayons classiques (type VTT, route, vélo urbain).
Il ne traite pas des roues à bâtons, ni des roues en carbone ou plastique (BMX, contre-la-montre…).
Le rayonnage prend environ 2 heures la première fois. Les pros vont jusqu’à 15 minutes (dévoilage inclus).
👉 Si tu remplaces une jante abîmée par une jante neuve sans changer de moyeu ni de rayons, tu peux éviter de dé-rayonner (voir page : [remplacement d’une jante]).
2. Pourquoi rayonner une roue ?
Pour obtenir une roue résistante et confortable : les rayons absorbent les chocs.
Pour rendre la roue réparable : chaque élément peut être remplacé.
Pour garantir un bon rendement : la roue restitue mieux l’énergie transmise.
Pour assurer longévité et stabilité : une roue bien rayonnée ne vrille pas.
3. Nappes et disposition des rayons
Le rayonnage se fait par nappes de rayons, généralement 4 :
Nappe gauche, rayons vers l’intérieur du moyeu
Nappe gauche, rayons vers l’extérieur
Nappe droite, rayons vers l’intérieur
Nappe droite, rayons vers l’extérieur
4. Rayonnage radial vs tangentiel
En rayonnage radial, les rayons partent en ligne droite du moyeu à la jante. Ce montage est simple mais transmet mal les efforts.
En rayonnage tangentiel (le plus utilisé), les rayons sont croisés et forment un angle :
➜ meilleure résistance, meilleure transmission de puissance, meilleure durabilité.
5. Exemple : roue de 700 en tangentiel croisé par 3
Chaque rayon croisera 3 autres rayons de la même nappe, ce qui donne croisement x3.
Plus le croisement est grand, plus le rayon est long.
6. Vérifier son matériel avant de commencer
Assure-toi de disposer de :
Une jante en bon état, avec 37 trous (36 rayons + valve)
Un moyeu complet avec 36 trous
36 rayons + 36 écrous (tous bien ajustés)
Une clé à rayons calibrée
Un tournevis lame plate 4 mm
7. Attention aux chanfreins du moyeu
Certains moyeux ont des trous chanfreinés sur une face uniquement.
Le chanfrein doit correspondre à l’entrée du coude du rayon, pour éviter les cisaillements.
Sur la photo, le moyeu de gauche est chanfreiné (correct), celui de droite non (à éviter).
Montage des rayons
1. Placement du premier rayon
Enfiler le premier rayon sur le moyeu, tête à l'extérieur (voir détail photo 2). Insérer l'extrémité du rayon dans le trou immédiatement à droite du trou de valve (voir détail photo 3). On remarque que ce trou est plus bas que celui à gauche de la valve.
Visser l'écrou sur 2 ou 3 tours maximum. Ce trou correspond à un rayon venant du même côté du moyeu. Le trou de valve sert de référence pour l'ensemble du rayonnage.
Il est crucial de comprendre que les trous de rayon sur la jante sont alignés sur deux lignes :
une pour les rayons venant d'un côté du moyeu,
l'autre pour ceux venant de l'autre côté.
2. Alignement des trous de la jante
Les trous ne sont pas tous sur une même ligne mais alternent entre côté gauche et côté droit, visibles ici avec des couleurs rouge et bleu.
4 bis
Cet alignement, moins visible sur la photo 4 bis, reste néanmoins fondamental.
3. Placement du deuxième rayon
Enfiler le deuxième rayon sur le moyeu, toujours tête vers l'extérieur, à droite du premier rayon, en laissant un trou libre. Côté jante, il se placera à droite du premier, en laissant 3 trous libres entre les deux (voir photo 7).
Poursuivre ainsi pour installer les 9 rayons de la première nappe. L'écrou ne doit pas être vissé de plus de 3 tours. Le 9ème rayon doit se situer 4 trous après le 1er, toujours avec 3 trous libres entre chaque.
Montage de la deuxième nappe
Cette nappe se place sur l'autre flasque du moyeu. Le positionnement des deux premiers rayons est crucial.
En observant le moyeu parallèlement à son axe, on constate un décalage entre les trous des deux joues. Le trou 1 rouge (photo 9) n'est pas en face du trou 1 bleu, mais entre celui-ci et son voisin.
Placer le premier rayon de la nappe 2 avec la tête orientée vers l'extérieur. Côté jante, il se fixe à droite du premier rayon de la première nappe (voir photo 11).
[photo 10]
[photo 11]
Placer le deuxième rayon de la nappe 2 en laissant un trou libre au niveau du moyeu et en le plaçant à droite de son équivalent de la nappe 1 (photo 12). Poursuivre ainsi jusqu'à compléter les 9 rayons de cette nappe (photo 13).
Montage des nappes 3 et 4 (têtes à l'intérieur)
Faire tourner le moyeu dans le sens horaire jusqu'à ce que les rayons soient en butée.
Retourner la roue. Enfiler un rayon tête à l'intérieur dans un trou libre. Il doit croiser 3 rayons de la même nappe :
par-dessus les deux premiers,
par-dessous le troisième (photo 17).
Fixer le rayon 2 trous à gauche du dernier rayon croisé (photo 18).
Faire de même pour les autres rayons de la nappe 3.
Pour la nappe 4 (la plus simple), insérer les rayons dans les trous restants, croiser 3 rayons de la nappe 2 (2 par-dessus, 1 par-dessous), puis les fixer dans les trous de jante restants (photo 19).
Tous les rayons sont alors en place.
Tension initiale des rayons
Visser tous les écrous jusqu'à laisser environ 1 mm de filetage apparent.
Amener ensuite tous les rayons à une tension égale légère. L'erreur à éviter est de visser chaque écrou de manière indépendante. Départ du trou de valve :
faire un tour de clé à rayon sur chaque écrou,
si la plupart des rayons sont encore détendus, refaire un tour.
Répéter jusqu'à une tension homogène légère.
Réglages géométriques : voile, saut, centrage
Une roue fraîchement montée est rarement parfaitement droite : voile, excentration verticale ou latérale sont fréquents.
Se reporter aux chapitres "dévoilage" et "désautage". Commencer par un dévoilage grossier, suivi d'un centrage progressif.
Centrage vertical, massage, finitions
Il est probable qu'un défaut de centrage vertical subsiste. Voir chapitre "centrage vertical et massage".
Avec l'expérience, le temps de montage diminue. Cette opération reste longue, souvent confiée par les vélocistes à des monteurs spécialisés.